Assemblage 1994 – 2008


Des choses que je ramasse pas tout à fait n’importe où, ni n’importe comment, objets déjà riches d’une histoire. Je leur fais jouer autre chose, se connaître, se rencontrer.

Certains refusent longtemps toute cohabitation et attendent des années dans les coulisses qu’un rôle leurs convienne…

Ce rôle bien que fixé contient une marge d’improvisation, les objets ont leurs logement dans des boites avec une proposition d’installation privilégiée mais sujette à de légères variations.
Le plastique devient presque du bois, le bois presque de l’os, l’os est bientôt minéral…une qualité inégalée du matériau.

Devenus uniques les débris industriels peuvent s’associer avec le minéral ou le végétal ; proximité, tension, préciosité parfois dans ces assemblages de vestiges.
Avec ce que cette disparité trimballe de temps, de lieux, retrouver les traces de mon histoire, de la nôtre.

Line Clément

Les déchets transfigurés

Sculptures de paille et de débris, les « Assemblages » de Line Clément magnifient les restes. Des « installations » accessibles aussi en kit

La Lyonnaise Line Clément est une habituée des « actions – installations », où la rue sert de support à l’art en mouvement. Et ses installations sont toujours réalisées à partir d’objets ou matériaux récupérés et assemblés.
« J’ai pris le parti de la paille », dit-elle, à propos de ces Assemblages qu’elle expose jusqu’au 30 septembre au Musée d’Usson-en Forez.

Légèreté, simplicité
Il y a quelque chose de primitif dans ces sculptures où éléments végétaux et minéraux attachés, noués, retouchés quelque peu par l’artiste, tressés pour de nouveaux usages, font parfois penser aux haïkus, ces poèmes japonais très brefs, tantôt brutalement évidents, tantôt énigmatiques. Ici aussi, on a affaire à la légèreté, la simplicité, l’équilibre précaire.

Pour Line Clément, « L’art est une manière de réfléchir »,et les vestiges industriels l’intéressent autant que les restes de végétaux, parce qu’ils recèlent eux aussi beaucoup de vie. Elle joue avec des matériaux traditionnels, partie intégrante du quotidien. Liant : un nœud végétal retient des brins qui s’échappent pour une autre destination. Ondulation sonore et voies lactées : un câble, cercle gros et noir, comme tracé sur le mur blanc, et des fils téléphoniques qui pendent. Abstrait cet insecte, où papyrus, bois aluminium, fil de téléphone, bolduc, écorce de palmiers, crin de cheval, rotin, donnent envie de saisir le cœur, de le retourner.

S’accommoder des restes
Vigoureuses, soigneusement ligotées de laiton, plombées de silex, Les tresses des sept filles sont-elles des réminiscences de moissons ? D’Afrique ? Des déchets transfigurés en bijouterie… Là, il reste un arbre, mais l’essentiel seulement : le mouvement gracieux.
En fait, l’artiste s’accommode des restes pour recréer un univers.
Elle enferme des matériaux dans d’autres matériaux, joue avec les volumes, comme dans un tourbillon d’eau au-dessus de la forêt : un petit bois en équilibre contre le mur qui détermine la place des petits fagots du dessous, légèrement agrémenté de bleu.
Et une roue dentée et une bobine vaguement rehaussées de feuilles d’or – le quotidien magnifié -.
Et puis une surface plane, alternance de vraie paille et de paille plastique, et une pièce de métal découpée où un semblant de bouche libère une élancée végétale – un calumet ?, non : La force de la parole-.
Les amulettes végétales de Line Clément (art brut ou zen ?) accouchent d’Ancêtres, suite de minuscules fagots (la paille, les racines, ça poussent…) que le public peut acquérir en coffret, et … monter lui-même. L’art en kit !

Daniel Bernard
Le Progrès 4 juillet 1997


 

 
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